Relation entre l'alimentation, la flore intestinale et la dépression
Lien entre la composition de la flore intestinale et la dépression
Article reçu de la Fondation Natura, avril 2019
Cette étude à grande échelle a examiné comment les souches bactériennes présentes dans l'intestin peuvent affecter la qualité de vie de l'hôte, l'homme. Les bactéries productrices de butyrate ont été associées à une diminution des symptômes dépressifs.
Jusqu'à présent, la communication bidirectionnelle entre le microbiome intestinal et le cerveau a surtout été étudiée dans des modèles animaux, tandis que la recherche chez l'homme est restée à la traîne. Le projet FLemish Gut Flora (n=1 054) de l'Université de Louvain a étudié la corrélation entre la flore intestinale et la qualité de vie et les symptômes dépressifs chez l'hôte. Les résultats ont été publiés dans Nature Microbiology.
Dans cette étude, la présence de Faecalibacterium- et Coprococcus-Cette espèce est systématiquement associée à une meilleure qualité de vie. Ces bactéries produisent du butyrate (acide butyrique). Le manque de butyrate a déjà été associé à la dépression. Dans cette étude, les Coprococcus-Le nombre d'espèces en dépression a diminué, même si les effets confondants des antidépresseurs ont été pris en compte.
L'analyse a mis en évidence la capacité du métabolite de la dopamine, l'acide 3,4-dihydroxyphénylacétique, à établir une corrélation positive avec la qualité de vie mentale et a souligné le rôle potentiel du GABA (acide gamma-aminobutyrique). Les scientifiques indiquent que les résultats de cette étude - menée au niveau de la population humaine - prouvent que notre microbiome est lié à la santé mentale.
Rôle des aliments anti et pro-inflammatoires
Une autre méta-analyse à grande échelle révèle l'association entre l'alimentation et les sentiments dépressifs : les personnes ayant des habitudes alimentaires pro-inflammatoires sont 40% plus susceptibles de développer une dépression, par rapport à celles ayant des habitudes alimentaires anti-inflammatoires.
Les aliments pro-inflammatoires sont riches en glucose et en acides gras saturés, qui peuvent activer le système immunitaire et provoquer une inflammation de bas niveau, entraînant notamment la dépression.
Un régime méditerranéen riche en fibres, en acides gras insaturés, en vitamines et en minéraux, entre autres, est en fait anti-inflammatoire. Les fibres constituent une source de nourriture importante pour les bactéries du côlon, qui les transforment en acide butyrique. Cela a notamment des effets positifs, comme le révèlent les recherches présentées dans cet article.
Source
Valles-Colomer, M. et al, Le potentiel neuroactif du microbiote intestinal humain dans la qualité de vie et la dépressionNature Microbiology, avril 2019, p. 623-632. doi : 10.1038/s41564-018-0337-x, epub 2019 Feb 4, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30718848